Chaque être humain est constitué de différents mouvements d’énergies, inscrits en lui depuis toujours, appelés archétypes. Ils représentent des dynamiques internes, intemporelles et universelles.
Voici le premier volet des archétypes de l’enfant : l’enfant divin.
Chaque être humain est constitué de différents mouvements d’énergies, inscrits en lui depuis toujours. Ces modèles récurrents se retrouvent dans la mythologie, la religion, les histoires véhiculées dans toutes les cultures, comme si d’une manière transcendantale, les hommes avaient reconnus en eux, des dynamiques intemporelles et universelles. Je les appellerais ici des archétypes.
Les archétypes sont importants parce qu’ils sont une source d’énergie débordante et porte en eux une conscience vivante. Ils nous aident à réaliser que nous avons des traits communs avec d’autres personnes en dehors de notre groupe de référence, et que nous partageons les mêmes dynamiques internes, quel que soit notre culture. Tout le monde, homme et femme, a une connexion avec eux. Ils véhiculent en quelque sorte l’inconscient collectif humain.
J’aime me les représenter comme des réservoirs d’énergie avec une conscience ancrée dans le corps. Chaque forme archétypale amène une certaine qualité d’énergie, une spécificité vivante, une dynamique qui lui est propre mais qui ne doit pas se voir comme figée.
Les dynamiques archétypales possèdent aussi des ombres bipolaires qui s’exprime par l’alternative et entraine les personnes soumises à leurs dynamiques dans des travers psychologiques. Les ombres « yang », que l’on pourrait caractériser par un excès de personnalité, et les ombres « yin », celles qui démontrent un vide de personnalité. Les personnes en excès de yang, fuient par la force, alors que les personnes en excès de yin vont fuir par la « victimite ».
La première forme d’énergie archétypale que l’enfant incarne dans son chemin de vie, est celle de l’enfant divin. Dès sa naissance, l’enfant incarne cette reliance au divin. Il représente l’enfant magique, en lien direct avec la vie. Tout est simple, joyeux, facile. Chaque instant est fluide pour lui. Cet archétype nous est assez familier, car il est incarné par l’enfant Jésus et la nativité. Il rayonne et transmet une énergie de créativité, de spontanéité d’émerveillement. Le monde s’organise autour de lui. Une autre image reliée à cet archétype est celle de blanche neige vers qui les animaux de la forêt accourent.
L’enfant soumis à cette forme d’énergie est dans une magie de la vie, en toute simplicité. Il est fluide dans ses émotions, à cent pour cent dans la joie, comme dans la colère, quittant dans l’instant un état émotionnel sans rien retenir. C’est l’incarnation même de la naissance.
Cet archétype possède deux caractéristiques qui sont paradoxales : La toute-puissance, par sa reliance à l’univers et la vulnérabilité, par son état même de nourrisson, démuni et faible. Ces deux aspects particuliers, annoncent de parts leur nature, les différentes facettes de l’ombre de cet archétype.
Lorsqu’il va être en excès de yang, en excès d’identité, l’enfant divin va se transformer par moments en tyran en chaise haute. Il va confondre sa reliance au divin avec lui-même et va se prendre pour le centre de l’univers. L’enfant va pleurer, râler, faire des caprices, croyant que les autres n’existent que pour combler ses besoins et désirs. Il est insatisfait de tout, et cela n’est jamais comme il veut. La soupe sera trop chaude, pas assez chaude, il voudra qu’on le nourrisse, mais quand on le fera, il voudra prendre la cuillère lui-même, puis il jettera son assiette à terre, et au bout du compte si sa mère vient le prendre pour le réconforter, il va la repousser car ce n’est pas non plus le bon moment pour lui.
L’enfant soumis au tyran en chaise haute confond puissance et toute-puissance, il se blesse avec sa grandeur et va rejeter les choses mêmes dont il a besoin pour vivre, la nourriture et l’amour. Il est face à l’illimité de ses demandes et à la servilité qu’il croit être due des autres. Les grecs, appelaient cet état de fierté écrasante, l’Hubris. Outre le comportement tyrannique, infantile et arrogant, rempli de caprices, colères et autres enfantillages, l’enfant est au comble de l’irresponsabilité, car tout sera toujours la faute de l’autre.
Le seul moyen de dépasser cet état, de quitter cet ombre de l’enfant divin, est de lui apprendre qu’il n’est pas le centre de l’univers, et que celui-ci n’est pas là pour combler chacun de ses caprices. Certes, au cours de son existence la vie va le nourrir, mais pas sous forme de dieu. Pour les grecs, l’Hubris est suivi d’une invariablement de la Némésis. Face à la démesure des hommes arrogants, les dieux les brisent toujours par une chute, une descente inévitable, afin de remettre l’ego à sa juste place. Rappelez-vous la prétention d’Icare qui s’est écrasé en flammes. Le tyran en chaise haute, qui veut voir venir les choses à lui sans effort, sans rien faire, qui se croit invulnérable, va finir par saboter lui-même son succès.
L’enfant divin qui va être en excès de yin, en vide d’identité, va se transformer par moments en prince blessé.
Il sera plutôt faible, sans initiative ni personnalité. Avec peu d’enthousiasme de vie, il aura besoin d’être choyé et va dicter le rythme de la maison par son silence, ou ses gémissements d’impuissance. Un peu à la manière d’un caliméro humain, tout sera trop dur pour lui. Plutôt solitaire, hypochondriaque, ses moindres souhaits commanderont les actes de ses parents. Ainsi tout va tourner autour de son confort.
Parce qu’il a convaincu ses parents qu’il est la victime impuissante de la vie et que d’autres le choisissent comme cible, quand une controverse surgit entre lui et un frère et sœurs, ses parents auront tendance à punir l’autre, et à l’excuser lui. Le prince blessé sera malhonnête et manipulateur et occupe un trône moins facilement détectable mais tout autant tyrannique. Il tyrannise les autres par sa « victimite » et prendra de l’énergie à l’extérieur, en persuadant son entourage qu’il faut prendre soin de lui.
Comme tous les dérèglement bipolaire, l’Ego glisse lentement ou subitement d’un pôle à l’autre. Quand une telle inversion se produit chez l’enfant pris dans l’ombre bipolaire de l’enfant divin, il passera des explosions tyranniques à la passivité déprimée, ou de la faiblesse apparente aux affichages rageurs.
La première chose à faire et que nous devons le reconnaître. Admirer sa créativité, aimer sa beauté. L’enfant qui n’a pas de connexion avec l’enfant divin, ne pourra pas voir les possibilités dans la vie, ni saisir les opportunités de nouveauté. Cela l’empêchera de voir l’abondance du potentiel humain, et notamment du sien.
L’enfant magique, c’est avant tout un enfant. Pour cela, il faut l’amener à être en lien avec lui-même, qu’il ne se sente pas enfermé, mais sans être le centre. Tout ce qui nous rappelle que l’on n’est pas le centre du monde nous montre que l’on vit le tyran en chaise haute ou le prince blessé, et que l’on n’est pas juste dans l’instant.
Regardez un enfant devant une voiture de sport, comme ses yeux s’illuminent. Avec son « enfant magique », il se voit déjà au volant, cela le fait rêver, il est juste admiratif. Le tyran en chaise haute va râler de jalousie (Pourquoi lui il roule avec cela et moi je n’en ai pas une comme ça !) alors que le prince blessé se plaindra pour en avoir une. Ils n’admirent plus.
Une autre manière d’accéder à l’enfant divin est l’exemple positif du père. J’ai déjà parlé du rôle primordial des initiations des pères envers leurs fils pour retrouver le chemin du masculin sacré. Mais avant cela, les pères (incarnant l’archétype du Roi, que j’aborderais dans un autre article) doivent en premier lieu encourager les enfants à vivre leur grandeur, à s’identifier à leur créativité.
Les romains croyaient que chaque enfant naissait avec son « genius », un esprit gardien assigné à sa naissance. Les fêtes d’anniversaire des Romains n’étaient pas tant pour honorer un individu que pour honorer le génie de cette personne, l’être divin qui est venu au monde avec lui. Ils savaient que ce n’était pas l’ego qui était à l’origine de son art, de sa musique ou de son talent.
Reconnaître dans l’enfant son génie et l’honorer, lui permet d’accéder à sa propre valeur. Lui apprendre à ne pas se prendre pour le centre de l’univers, lui permet de découvrir et de vivre la reliance qui lui sera propre, ainsi que de trouver une forme d’humilité.
Finalement l’’important n’est pas de savoir si nous manifestons ou non le tyran en chaise haute ou le prince blessé, mais comment cela s’active en nous, car chacun d’entre nous est les deux. C’est en identifiant à quel moment ces facettes prennent corps en nous que l’attention peut nous permettre d’évoluer.
Et la question n’est pas de savoir si l’enfant créatif existe en nous, mais comment nous l’honorons ou pas. Si nous ne le sentons pas chez nous, dans notre activité, notre vie quotidienne, notre relation, nous pouvons alors nous demander où et comment est-il bloqué ?