La psyché masculine est constituée de quatre grandes dynamiques énergétiques distinctes, appelées archétypes. Chez tous les hommes, l’énergie du Roi est primordiale, car elle est pour ainsi dire l’archétype central, autour duquel le reste de la psyché est organisée.
Chaque être humain est constitué de différents mouvements d’énergies, inscrits en lui depuis toujours. Ces modèles récurrents se retrouvent dans la mythologie, la religion, les histoires véhiculées dans toutes les cultures, comme si d’une manière transcendantale, les hommes avaient reconnus en eux, des dynamiques intemporelles et universelles. Je les appellerais ici des archétypes.
L’archétype est un concept appartenant à la psychologie analytique élaborée par le psychiatre suisse Carl Gustav Jung et qui définit la tendance humaine à utiliser une même forme de représentation donnée renfermant un thème universel structurant la psyché.
Les archétypes sont importants parce qu’ils sont une source d’énergie débordante et porte en eux une conscience vivante. Ce sont des entités indépendantes, des principes dynamiques, actifs et vivants. Ils nous aident à réaliser que nous avons des traits communs avec d’autres personnes en dehors de notre groupe de référence, et que nous partageons les mêmes dynamiques internes, quel que soit notre culture. Tout le monde, homme et femme, a une connexion avec eux. Ils véhiculent en quelque sorte l’inconscient collectif humain.
J’aime me les représenter comme des réservoirs d’énergie avec une conscience ancrée dans le corps. Chaque forme archétypale amène une certaine qualité d’énergie, une spécificité vivante, une dynamique qui lui est propre mais qui ne doit pas se voir comme figée. Ces dynamiques font partie d’un système participatif. Guérir l’archétype individuel entraine la guérison de l’archétype collectif. Donc ce que je guéris chez moi, change le monde, et je transforme peu à peu l’archétype dans l’inconscient collectif.
Les dynamiques archétypales possèdent aussi des ombres bipolaires qui s’exprime par l’alternative et entraine les personnes soumises à leurs dynamiques dans des travers psychologiques. Comme nous l’avons vu dans un autre article qui aborde l’axe homme sauvage/réprimé, la tonalité de la blessure primordiale va entrainer les caractéristiques de nos ombres. Les ombres yang, que l’on pourrait caractériser par un excès de personnalité, ou un excès de l’énergie concernée et les ombres yin, celles qui démontrent un vide de personnalité, ou un manque de l’énergie en question. Les personnes en excès de yang, fuient par la force, alors que les personnes en excès de yin vont fuir par la « victimite ».
Il existe 4 archétypes principaux pour le masculin mature : le roi, le magicien, l’amant et le guerrier. Nous aborderons ensuite deux axes supplémentaires constitués par 4 autres archétypes secondaires (le réprimé et l’homme sauvage, le laboureur et le sage immobile), qui sont des représentations de manière d’agir dans le monde. Dans différents articles, on peut trouver d’autres archétypes, comme le guide, le fou, le créateur, l’explorateur, le soignant, l’innocent, l’enfant, l’artisan, le destructeur… Mais en y regardant bien, ils représentent des extrapolations des qualités inhérentes aux 4 axes constitutifs.
Les 4 polarités qui ont pris naissance dans l’enfance à travers l’enfant divin, l’enfant précoce, l’enfant oedipien et le héros, forment les bases des énergies que l’homme mature porte en lui. Elles se chevauchent continuellement, et sont interdépendantes chez l’enfant comme chez l’homme. Le Moi du garçon aura besoin de la perspicacité de l’enfant précoce pour l’aider à se distinguer de ces énergies différentes. Et les trois premiers stades de l’enfance donnent naissance au héros qui les libère de la domination de l’inconscient « féminin » et établit l’identité du garçon comme un individu séparé. Le héros prépare le garçon à devenir un homme lors de l’initiation.
Nous portons en permanence, ces 4 dynamiques en nous. Qu’elles soient exprimées ou latentes, puissantes ou bancales, elles sont une partie de notre psyché. Jean Shinola Bolen a suggéré que nous pensions à ce processus comme à une réunion du conseil. Notre ego est le chef du conseil, et les archétypes les membres du conseil à l’intérieur de nous. Chacun a besoin d’être entendu, de parler honnêtement et ouvertement de sa question. Les membres du conseil sont autonomes et apportent leur contribution au débat. Certains seront impopulaires, tandis que d’autres seront complètement muets. Parfois certains avis peuvent sembler destructeurs, et parfois des idées brillantes surgiront du débat. La vérité pourra aussi s’exprimer par la bouche mécontente de membres du conseil en colère. Mais au final c’est la personne sous la supervision de l’ego qui tranchera.
À travers ces manifestations, nous pouvons avoir un aperçu des dynamiques des archétypes, mais nous ne pouvons jamais voir les énergies elles-mêmes. Elles se chevauchent et s’interpénètrent, aussi elles doivent être distinguées les unes des autres à des fins de clarification.
L’énergie du Roi est primordiale chez tous les hommes.
Il est en fait, l’archétype central, autour duquel le reste de la psyché est organisée. Il sous-tend et inclut le reste des archétypes en parfait équilibre. Le bon roi est aussi un guerrier courageux et endurant, un magicien érudit et expérimenté et un amant sensible. Et pourtant, pour la plupart d’entre nous, le Roi vient en dernier. Nous pourrions dire que le roi est l’enfant divin, mais expérimenté, sage, et désintéressé.
Freud parlait du Roi comme du père primitif de la horde primitive. Et à bien des égards, l’énergie du roi se rapproche de l’énergie du père. Mais bien que le roi sous-tend l’archétype du père, il est plus étendu et plus basique que cela.
Historiquement, les rois ont toujours été sacrés, cependant en tant qu’homme mortel, ils ont été relativement sans importance. C’est la royauté, ou l’énergie du roi elle-même, qui est importante. Nous connaissons tous la célèbre phrase qui scande la mort d’un roi: « Le roi est mort, vive le roi ! »
Avec la montée sur le trône du nouveau roi, l’énergie qui le traverse a été réincarnée, et le roi comme archétype a été renouvelé dans la vie des gens du royaume. En fait, à travers cet acte, le monde entier s’est régénéré. Finalement l’homme mortel qui incarne l’énergie du roi ou la porte pour un temps au service de ses semblables, du royaume, du cosmos, est interchangeable, comme un simple véhicule humain.
Le Roi incarne la Loi. Entendons par là, non pas la loi des hommes, mais la vibration, ou l’information qui descend le long de l’axe vertical d’un plan supérieur au notre, simplement terrestre.
Dans toutes les mythologies, il est assis sur son trône, au centre du monde. De cette place centrale, toute la création rayonne en forme géométrique jusqu’aux frontières mêmes du royaume. Le monde est alors défini comme la partie de la réalité qui est organisée et commandée par le roi. Ce qui est en dehors des limites de son influence est le chaos, l’inconnu, le non-monde. Le monde rayonne d’un centre, mais il est géométriquement organisé en 4 quartiers, vers les 4 points cardinaux. Comme un cercle divisé par une croix.
Elan noir, saint homme Lakota, parle du monde comme d’un grand cerceau, divisé par 2 chemins, un chemin rouge et un chemin noir, qui se croisent. Là où ils se croisent, se tient la montagne centrale du monde. C’est sur cette montagne que le grand Dieu Père, parle à Elan Noir et lui donne des révélations.
Sargon d’Akkad, souverain mésopotamien, ayant vécu en – 2300 avant JC s’était d’ailleurs autoproclamé : celui qui dirige les 4 directions.
Le premier devoir du roi est de vivre en accord avec la loi divine, le Tao. C’est seulement ensuite, qu’il peut transmettre à son peuple les règles divines qu’il reçoit et incarne à travers sa propre personne afin d’agencer la société. Il est l’exemplarité incarnée et structure le royaume autour de lui.
S’il vit ainsi, le royaume s’épanouira. Le principe ordonnateur codifiera les lois et pourra les transmettre à son peuple. S’il ne le fait pas, plus rien n’ira dans le royaume. Le peuple se languira, grognera. Le centre, que le roi représente, ne tiendra pas, et le royaume sera mûr pour la rébellion. Une nouvelle dynastie naîtra.
Le roi est le conduit terrestre de l’énergie divine, le médiateur entre le plan mortel et le plan divin. Il représente l’artère principale à travers laquelle passe la force de vie qui peut couler dans le plan humain. Dans le tarot, il est représenté par l’index levé du Pape, pointant vers le ciel qui dit : « Écoutez, voilà, c’est comme ça que ça va être! » ; ou par le sceptre de l’Empereur, qui montre l’autorité et la verticalité. Le roi incarne le canal entre la terre et le ciel, il devient le doigt de dieu, le pilier, l’index qui montre la direction.
D’ailleurs, quand l’image créatrice du roi apparaît dans le puissant monde de l’inconscient, comme une vision ou un rêve, cela indique que la personnalité se réorganise, se restructure pour aller vers quelque chose de plus centré, de plus calme, de plus créateur.
Découlant de sa première responsabilité d’agencement du monde, le second attribut que l’énergie du roi manifeste est la fertilité et la bénédiction. Tous les peuples anciens ont toujours associé la fécondité à l’ordre créateur des choses par les dieux, et donc à leur représentant sur terre.
La fertilité qu’amène le roi vient du fait qu’il est symboliquement marié à sa terre, comme si celle-ci était sa reine première. Souvenez-vous de la célèbre phrase de Louis XIV : « L’état, c’est moi ! » Si le roi qui représente l’ordre créatif lui-même va bien, le royaume se porte bien, car il est en quelque sorte le miroir du pouvoir du roi, l’extension de sa personne. Si le centre va, le reste aussi.
Ainsi, si le roi devient malade, impotent ou déviant, le pays tout entier s’affaiblit. Sécheresses et calamités arrivent, brigands et monstres ressortent de leurs tanières, cultures et bétails périssent, et le peuple commence à s’éteindre.
D’où l’importance pour la population de s’inquiéter de la santé de leur souverain, et de louer sa descendance qui prouve sa fécondité.
Le roi donne ensuite sa bénédiction. Du latin « bene dicere : « le fait de dire du bien », c’est l’action de bénir par la parole et/ou le geste. Par ce geste public, il consacre, loue un mérite et accorde la grâce ou la faveur particulière du ciel. La bénédiction est un événement psychologique ou spirituel important pour celui qui le reçoit. Être béni a d’énormes conséquences psychologiques pour nous car c’est un acte guérisseur.
Il y a même des études qui montrent que nos corps changent réellement chimiquement quand nous nous sentons valorisés, loués ou bénis. Pour illustrer parfaitement ce propos, nous vous invitons à aller regarder les travaux de Masaru Emoto sur la mémoire de l’eau et la qualité géométrique de la formation des cristaux, avant et après une prière.
Avec ce geste le roi donne à chacun ce qu’il mérite, le reconnaissant dans sa vraie valeur. Il peut ainsi promouvoir les hommes de qualité à des postes de responsabilité, leur permettre de changer de condition, les anoblir, leur accorder les honneurs qui leur reviennent.
Mais la bénédiction du roi est aussi un acte de guérison. Le toucher royal s’inscrit dans la dimension sacrée des rois, dont on trouve des traces jusque chez les Germains pré-chrétiens. Du Moyen Âge au XIXe siècle, les rois de France et d’Angleterre sont d’ailleurs réputés détenir le pouvoir de guérir les écrouelles (différentes formes d’affections des ganglions et de la gorge) par simple contact. On les appelait les « roi guérisseurs » : « Le roi te touche, Dieu te guérit ! » Rappelez-vous que Louis XIV toucha près de 200 000 malades !
L’énergie du Roi, possède la qualité de ramener de l’ordre avec autorité, dans la matière comme dans la psyché.
Il stabilise l’émotion chaotique et les comportements hors de contrôle, en ramenant chacun à son centre. Il apporte le calme, l’équilibre, la force de vie et la joie. Il défend notre intégrité, et regarde le monde avec une fermeté bienveillante. Il minimise la punition et maximise la louange. Il voit les autres dans toute leur faiblesse et dans tout leur talent et valeur. Il les honore et les promeut. Il les guide et les nourrit vers leur propre plénitude d’être. Il n’est pas envieux, parce qu’il est sûr de lui, dans sa propre valeur. Il récompense et encourage la créativité en nous.
C’est l’énergie qui s’exprime lorsque vous êtes en mesure de garder votre sang froid quand tout le monde est en train de le perdre. C’est l’encouragement que vous donnez à un ami qui était prêt à renoncer. C’est la force qui vous pousse à assurer la vie financière de la famille. C’est la volonté d’un père qui sort plus tôt de son travail pour assister au spectacle de ses enfants. C’est la voix du calme et du réconfort, le mot qui fait la différence dans un temps de chaos et de lutte. Après une délibération intense, c’est la décision claire qui coupe à travers le désordre dans la famille, au travail, dans la nation, ou dans le monde.
Pour résumer, l’énergie du Roi en soi, est celle de la structure première et fondamentale de la psyché masculine. Énergie mature de l’enfant divin, elle est garante de l’équilibre et de l’harmonie intérieure, comme de celle à entretenir avec son environnement. Cette énergie nous amène à prendre l’entière responsabilité de notre vie.
Elle va permettre de nous accueillir pleinement, avec nos qualités et nos défauts, afin d’assumer qui on est, puis nous permettre de nous exprimer avec authenticité, sans honte, sans peurs, mais avec une dignité légitime.