Après avoir parlé du premier archétype que l’enfant expérimente lorsqu’il est petit, et indifféremment qu’il soit garçon ou fille, il nous faut commencer à dissocier les dynamiques masculines et féminines et leurs tonalités particulières qui vont diverger.
Dans cet article, je parlerais principalement des dynamiques du garçon, pour comprendre l’accès au masculin sacré.
Rapidement la dynamique interne des filles va les pousser à expérimenter le ressenti, une énergie plutôt yin, qui reçoit par leur matrice et accueille (l’information, les émotions…), alors que les garçons vont plutôt aller vers des dynamiques yang, qui prennent (de l’information, du pouvoir, des risques, des conquêtes …) et recherche à capter les choses par le mental et la compréhension.
Les tonalités abordées ci-dessous correspondent plus aux garçons, néanmoins, elles peuvent aussi se retrouver chez les filles.
Le second archétype auquel le garçon se confronte, est celui de l’enfant précoce.
Cette dynamique énergétique se manifeste chez un garçon quand il est impatient d’apprendre.
Alors que les filles commencent à expérimenter leur ressenti, les garçons se confronte à leur compréhension du monde. Une fois le langage acquis et la station debout conquise, cela urge en eux d’explorer l’inconnu, les mystères et l’étrange. Le garçon veut tout connaître, le monde autour de lui comme celui qui bouillonne à l’intérieur de lui, et désire aussi savoir ce qui fait avancer les autres.
Il veut saisir le pourquoi de chaque chose, le comment, le quoi, le où et le quand. Comme il est en quête de connaissance, le voilà donc à poser des milliers de questions qui épuisent ses parents. » Dis-moi papa, pourquoi la lumière là-bas, en haut de la porte, elle clignote là ? Et papa, pourquoi quand on va vite, la police elle nous donne une amende ? Papa, pourquoi il y a des avions qui font des traces dans le ciel et d’autres qui n’en font pas ? Dis-moi Papa, pourquoi les garçons c’est différent des filles ? … »
La force de cet archétype et qu’il va finalement devenir précoce par lui-même. Il le devient afin de pouvoir répondre à ses propres questionnements, car ses parents ne pourront jamais répondre à tout ce qui lui passe dans la tête. Attentif aux détails que les adultes ne remarquent même plus, il a une soif profonde de compréhension et cherche le fonctionnement des choses, leur interaction et finalité.
À ce stade, comme il assimile vite, il devient impatient, et veut partager ce qu’il apprend avec les autres, même si eux ne le désirent pas. Un garçon sous l’influence de cet archétype devient un bon étudiant, qui participe. Il peut aussi être source de prodige dans différentes matières culturelles, musicales, artistiques ou sportives.
L’enfant précoce est l’énergie qui initie notre curiosité et notre impulsion aventureuse. Il cherche à agrandir le territoire du connu, en allant conquérir les plaines vierges de l’inconnu. Il garde chez l’homme son sens de l’émerveillement et sa curiosité en vie, il stimule son intellect et lui ouvre la route vers l’archétype du magicien.
L’enfant précoce qui va être en excès de yang, en excès d’identité, va se transformer par moments en monsieur je sais tout, appelé aussi le tricheur.
Cet archétype va venir combler le vide d’un garçon laissé tout seul, dans le déséquilibre de l’enfant divin. Il s’active quand l’enfant aura été déprécié par sa fratrie ou ses parents, ou qu’il aura été abusé émotionnellement. L’énergie qu’il va déployer vient de son envie et de sa jalousie des capacités que les autres parviennent à exprimer. N’étant pas connecté à ses talents véritables, non reconnus chez son enfant divin, il va renier son enfant magique et sa propre grandeur en cherchant à écraser les autres sous son savoir .
Il va commencer par monopoliser la classe avec des questions avancées, pour se flatter d’être plus intelligent que ses camarades, ou devenir le clown de la classe, cherchant à faire apparaître les autres comme stupide, surtout son professeur. D’ailleurs gare à ce dernier, s’il fait une faute d’écriture ou écorche un mot, car le monsieur je sais tout va se gausser de lui sans honte. Puis il va chercher des gogos qui avalent tout ce qu’il raconte. En jouant avec les apparences, il va arriver à séduire ceux qui croient en lui, qui lui font confiance, pour mieux se foutre d’eux et rigoler à leurs dépens. Hyperactif, l’enfant précoce commence à devenir manipulateur, en cherchant à faire croire qu’il est supérieur. Il croit sincèrement que son savoir l’élève au-dessus des autres. D’ailleurs, dès qu’il a l’occasion de montrer son savoir, il le fait, décevant par la suite les autres par son manque de lien et son auto-importance, ou étouffant ses interlocuteurs par la profondeur de la connaissance écrasante qu’il a de son sujet.
Parce qu’il aime intimider les autres et les abuser verbalement, les jugeant inférieurs, il se crée beaucoup d’ennemis. Et même quand ces derniers, se sentant honteux et plein de colère devant sa soi-disant supériorité, en vienne à lui mettre une raclée, il gardera sa défiance de supériorité, remplie d’arrogance. N’étant pas seulement précoce sur le plan intellectuel, il cherche à se la raconter par une fausse maturité, étant capable d’inventer des choses sur le champ, d’expliquer sans expliquer ou de faire semblant de connaître.
Comme plus tard à l’âge adulte avec l’archétype du tyran, le monsieur je sais tout ne veut pas faire les choses lui-même, et utilise des moyens tordus, ne voulant rien gagner par l’honnêteté. Il désire être ce qu’il n’a pas le droit ou la capacité d’être. Son problème avec l’autorité va s’incarner en recherchant la chute des grands personnages, des référents dans les domaines étudiés. Le garçon sous l’influence de cet archétype va se réjouir de la destruction d’un « roi », mais ne veut absolument pas le remplacer, ne cherchant pas la responsabilité de la place qu’il vient de libérer. Il va juste casser les autres, sans rien proposer à la place de ce qu’il détruit.
C’est un enfant qui n’a pas vraiment de héros, car pour avoir un héros, il faut admirer les autres, et on ne peut admirer les autres que si l’on a un sens de notre propre valeur, et que l’on se sent en sécurité avec notre énergie créative.
Devenu adulte, l’enfant précoce va porter sa supériorité dans sa façon de s’habiller, dans les objets technologiques dernier cri qu’il utilise, ses manières de se comporter et de parler, et ses attitudes suffisantes qu’il va manier avec sourire. Même dans la conversation amicale, il sera dominant et portera d’amères et violentes critiques, cherchant à déprécier les autres, surtout les personnes avec des avis différents du sien.
Il est prêt à croire que tous les hommes de pouvoirs sont corrompus et abusifs, comme lui l’est avec les autres. En fait, comme il y a toujours quelqu’un qui va le détester, il est condamné à être toujours dans la périphérie de la vie, car il n’arrive jamais à prendre la responsabilité pour lui-même ou ses actions.
L’enfant précoce qui va être en excès de yin, en vide d’identité, va passer dans l’archétype du stupide.
Cette énergie s’active chez l’enfant qui aura été déprécié, en ancrant le fait qu’il ne vaut rien, et va se saborder lui-même.
L’enfant sous l’influence du stupide va manquer de personnalité, de vigueur, et de créativité. C’est un suiveur, qui apprendra lentement à l’école. Il comptera et lira difficilement, n’aura que peu de sens de l’humour car il ne comprendra pas les blagues, et ne saura même pas en retenir une seule.
C’est le plus souvent un enfant qui aura peu d’énergie, sera plutôt insensible. Comme sa coordination corporelle sera désastreuse, et qu’il aura tendance à être pâle, comme sans vie, et sera ridiculisé par ses camarades en cours de sport, comme dans différents jeux et il peut même devenir impopulaire. En fait, il joue au stupide et peut faire croire qu’il est naïf et ne semble s’intéresser à rien, mais il fera cela pour que l’on s’occupe de lui, qu’on lui explique comment cela fonctionne. C’est en fait une stratégie subtile pour gagner de l’énergie ou de la protection.
Souvent l’enfant stupide comprend beaucoup plus qu’il ne montre, et se fait passer pour un cancre pour cacher sa grandeur. En définitive, c’est lui aussi un tricheur, comme le Monsieur je sais tout, car il va jouer le stupide, s’obligeant à montrer qu’il ne sait rien, jusqu’à s’en convaincre pleinement.
Si sa prétention au trône n’a pas été reconnu dans son enfant divin, l’enfant précoce, devient imbu d’exigence et pétri d’incompréhension devant cette non reconnaissance. Il va donc chercher à la prouver en assommant les autres de son savoir, qui inévitablement lui semble divin, ou s’enfermer dans la passivité stupide d’un potentiel gâché. En résumé, sans enfant divin reconnu, pas d’enfant précoce équilibré.
Ne pouvant se connecter à ce que l’on a de spécial, sa beauté intérieure, sa créativité et ses talents, l’enfant va tomber dans les ombres de l’enfant précoce et apprendre à ses dépends. Il va finir par jouer des tours aux autres, comme à lui-même, se piégeant en devenant trop tordu, ou se faire mettre à l’écart par les autres enfants par ses excès de connaissance ou d’ignorance. L’enfant va alterner entre les deux, passant de mode passif à agressif. Il sera incollable dans un domaine, voire donneur de leçon plein d’arrogance, et la minute d’après, fera une crise de colère en jetant l’objet de son inaptitude au sol en criant qu’il est nul avant d’aller bouder devant sa stupidité.
Les ombres de l’enfant précoce vont provoquer sa propre chute. Rappelons-nous ici que l’Hubris est suivi d’une Némésis et que la tricherie se retourne contre soi-même. Sa quête du connu vers l’inconnu va le confronter irrémédiablement à sa limite humaine devant l’inconnaissable et ce qu’il ne comprend ou ne maitrise pas.
Le Monsieur je sais tout se fait croire à lui-même qu’il est bon, mais finit par se saboter tout seul : Il a fait un super devoir, mais l’imprimante tombe en panne et il ne peut le rendre à l’heure et finit par être sanctionné, ou il prévoit d’arriver en retard de quelques minutes à une fête pour se montrer important, et finit par réellement perdre ses clés et rate l’évènement. Quand on est un filou, et qu’un jour on croise un meilleur filou que soi, (appelons cela les farces de dieu) c’est là que l’on se rend compte combien cela fait mal !
Car l’enfant précoce a un véritable don, celui de voir le détail qui cloche et d’être attentif à tout. Il peut rapidement saisir l’ensemble d’une situation, pour être capable d’en transcender l’essence. Il peut être vraiment pointu pour dégonfler l’égo de l’autre, comme le sien s’il a réussi à dépasser son auto-importance. Trouver la faille et y plonger directement, était le rôle des clowns et des fous dans les cours du moyen-âge. Lorsque le roi commençait à s’adorer lui-même, le bouffon arrivait, pétait bruyamment pour rappeler à ce dernier de ne pas trop gonfler en importance et de rester un homme et non un dieu. Un fauteur de trouble peut être bénéfique pour révéler une situation hypocrite, mais c’est seulement par l’honnêteté que la guérison est possible.
La première chose à faire pour accompagner l’enfant précoce, est donc de répondre à ses questions, même si elles semblent incessantes, de le féliciter et de l’encourager. Si sa valeur a été reconnu chez lui, il sera alors aussi capable de la reconnaître chez les autres sans prendre toute la place.
Il faut ensuite stimuler sa curiosité et lui donner de quoi la satisfaire, pour développer son aptitude à apprendre.
C’est la période où les enfants deviennent incollables sur les dinosaures, les volcans, l’histoire, l’électricité et tout un tas de domaines… Cela forge ses talents, et lui ouvre des voies futures de réalisations.
L’enfant précoce équilibré va alors être capable de discerner les choses, de voir ce qui est obscur aux yeux des autres pour leur permettre d’y mettre leur attention. Et si grâce à l’humilité, il a appris à ne pas se prendre pour le centre de l’univers, son talent deviendra un outil merveilleux au service des autres, l’amenant à être un magicien exceptionnel.